Ras-le-bol des témoignages de reconversion alors que vous êtes dans le brouillard ?

Caroline Averty
Oser Rêver Sa Carrière
7 min readAug 24, 2022

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Récemment, une accompagnée partageait avec moi à quel point ça pouvait être parfois décourageant d’entendre tous ces témoignages de reconversions réussies et de vocations trouvées, quand on est soi-même perdu en plein brouillard et qu’on peine à avancer. Et elle a tellement raison ! Alors que ces partages visent avant tout à encourager et montrer que c’est possible, le « trop plein » d’infos sur des reconversions réussies peut paradoxalement faire culpabiliser ceux qui n’y arrivent pas encore. Surtout, c’est le manque d’infos sur les aspects plus difficiles de la transition professionnelle qu’elle a soulevé, à juste titre.

Car oui, un travail sur soi ne donne pas forcément lieu à une reconversion dans l’année, une piste explorée peut ne pas être la bonne, et le résultat peut aussi être de rester dans son cœur de métier. Ce sont ces histoires-là dont j’aimerais vous parler aujourd’hui : ces longs chemins de traverse avant de trouver une réponse, ces premières idées abandonnées en cours de route qui ont amené à un autre projet, ou bien encore ces personnes qui, contre toute attente, sont restées dans leur poste ou dans leur secteur, fortes d’un nouveau regard sur leur job et surtout sur elles-mêmes.

Le bilan de carrière ou le bilan de compétences, ce n’est ni une baguette magique, ni un ticket vers la reconversion à coup sûr. Alors oui, c’est moins glamour que le témoignage d’une vocation trouvée en 2 mois, mais c’est aussi ça la réalité de la transition professionnelle.

Quand on attend le déclic…

Même si elles se défendent du contraire, la plupart des personnes démarrant un bilan espèrent connaître un déclic pendant l’accompagnement. Ce moment où leur futur projet va leur apparaitre avec netteté et certitude, au détour d’un exercice, d’une discussion ou d’une enquête. Elles n’ont alors de cesse de mettre toute leur attention vers ce déclic. C’est beaucoup, beaucoup de pression et d’attente. Cela arrive parfois, c’est vrai. Mais pour la plupart des gens, ça ne se passe pas comme ça : c’est un brouillard qui se désépaissit peu à peu, grâce à un lâcher prise et de petits passages à l’action.

Ainsi, Alice a démarré son bilan sur les chapeaux de roue, focalisée sur son seul objectif : trouver rapidement « le bon métier fait pour elle » pour sortir le plus vite possible de cette zone de flou. Et elle s’est essoufflée dans cette quête. Ce n’est que lorsqu’elle s’est « lâché la grappe », comme elle le dit si bien elle-même dans son témoignage, que petit à petit des idées ont commencé à émerger. La phase du milieu de bilan peut, il est vrai, être déconcertante : vous avez appris plein de choses sur vous, mais vous ne voyez pas encore vraiment vers où vous vous dirigez. Le découragement et la frustration peuvent alors pointer le bout de leur nez. Et si cela vous arrive :

1/ ce n’est grave ;

2/ regardez dans le rétroviseur, et mesurez déjà tout le chemin parcouru en quelques semaines. Une transition prend du temps, et vous êtes pile là où vous devez être à ce moment précis de votre cheminement ;

3/ et surtout, parlez-en à votre accompagnant. Il saura vous guider pour continuer à avancer, pas à pas.

Quand on cherche (désespérément) sa vocation …

Trouver sa vocation unique, sa mission de vie, son rôle sur cette terre… Encore une fois, c’est mettre beaucoup (trop) de pression dans son questionnement et son exploration.

Premièrement, les vocations peuvent être multiples : on n’a pas qu’un seul chemin tracé tout au long de notre vie. Ce n’est ni une chose unique, ni une chose figée. Nous avons tous plusieurs vocations, plusieurs chemins possibles, qui évoluent au fil de nos périodes de vie.

Deuxièmement, on peut les réaliser (ces vocations) aussi bien dans qu’en dehors du travail. Ainsi, Anne-Sophie a choisi, à l’issue de son bilan, de rester dans le marketing, qui correspond à l’une de ses vocations, et de s’investir en parallèle dans une association, où elle déploiera d’autres talents et d’autres envies. La cohabitation de ces deux vocations, en pro et en perso, lui convient bien. Elles lui permettent chacune d’exprimer une facette de sa personnalité, et apportent de l’harmonie à l’ensemble de sa vie. Car ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier (celui du travail) est indispensable pour avoir, in fine, une vie harmonieuse.

Quand la (bonne) opportunité se présente enfin, plus tard …

Parfois, le brouillard se désépaissit des mois après la fin d’un accompagnement. Parce qu’il fallait ce temps de digestion. Parce qu’il fallait que la personne poursuive ses enquêtes, ou quitte officiellement son entreprise pour se donner enfin des ailes pour avancer. Ainsi, Cindy, dont vous retrouverez ici le témoignage, a vu son projet se clarifier plusieurs mois après la fin de son bilan, quand elle a enfin quitté son entreprise.

Charlotte a, quant à elle, pu rassembler les pièces du puzzle 6 mois après la fin de son accompagnement, lorsqu’elle a croisé la route d’un poste qui correspondait parfaitement au cahier des charges qu’elle avait défini plusieurs mois auparavant : elle a tout de suite su que ce poste était le bon, et tout le travail réalisé en bilan prenait enfin sens !

Caroline, quant à elle, s’était lancée à la fin de son accompagnement dans le métier d’aide-ambulancière. Après des enquêtes métier concluantes, elle s’inscrit à une formation et commence en parallèle un travail. Consciente de la spécificité du métier, elle s’était donné 6 mois pour voir si cette piste était la bonne. Ce métier, de part sa vocation à aider les autres sur le terrain, collait parfaitement aux aspirations de Caroline. En revanche, le rythme de travail n’était finalement pas fait pour elle, et elle n’a pu le vérifier qu’en testant in situ. Elle termine cette expérience, sans regret, puis accepte un poste en entreprise (en relation avec la clientèle dans le domaine de la santé), pour tester à nouveau le fait d’être assise derrière un bureau : au bout de quelques semaines, le verdict est sans appel : ce n’est vraiment plus pour elle. Forte de ces deux expériences, Caroline a poursuivi ses explorations vers le métier qu’elle occupe aujourd’hui, celui d’aide-soignante à domicile. Il lui aura ainsi fallu plusieurs « tests », dans un même secteur, celui de la santé, pour trouver la bonne combinaison pour elle. Au cours de sa transition, Caroline a accepté le fait qu’elle allait devoir passer par ces périodes de “testing” et que son projet serait évolutif dans le temps.

Quand, finalement, on reste dans son poste …

Parfois, c’est la reconversion radicale qui nous attend, parfois c’est une transition douce, et parfois l’issue d’un bilan est de rester dans son cœur de métier ou dans son entreprise. Ainsi, Jeremy a pu, grâce au bilan, remanier son poste et développer des sides projects qui lui ont permis de retrouver une nouvelle dynamique sans tout changer, en renouant avec la joie d’apprendre et en instillant les bons changements dans sa façon de travailler.

Emma est retournée dans son entreprise (après un arrêt de travail suivi d’un bilan), en changeant de poste et en retrouvant des missions plus adaptées à ses goûts et forces. Forte du travail réalisé en bilan, elle a pu demander une mobilité et cela a fonctionné : depuis 2 ans, elle s’éclate à nouveau dans son poste et a augmenté son niveau de responsabilités, tout en prenant plus de plaisir.

Florence, quant à elle, envisageait, après un burn-out, une reconversion radicale. De Directrice Financière, elle songeait à entreprendre dans l’une de ses passions : la rénovation de meubles. Le bilan lui a finalement fait renouer avec l’amour de son métier (plus fort que celui de la rénovation !).

Au final, aucun ne regrette le chemin parcouru, qui a été nécessaire pour arriver à destination. En revanche, tous vous diront que cela n’a pas été facile, ni servi sur un plateau. Qu’il a fallu embrasser le point d’interrogation, se regarder bien en face et faire le tri pendant plusieurs semaines voire mois, et surtout faire un choix et l’expérimenter.

Car un accompagnement, au-delà d’un projet, apporte surtout une fine connaissance de soi, et la prise de conscience (pas toujours facile) qu’il est possible de faire bouger les lignes par son action. Il apporte la conviction qu’on est capable de provoquer sa chance, et que si le bon métier ou la bonne opportunité se présente face à vous, vous serez alors suffisamment armé.e pour le repérer et vous sentir prêt.e à y aller !

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Caroline Averty et Oser Rêver Sa Carrière

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