Alice : itinéraire d’une reconvertie slasheuse, qui a choisi deux voies !

Caroline Averty
10 min readDec 15, 2020

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« La reconversion ca ressemble pas mal à tonnerre de Zeus, le grand 8 du parc Asterix. Ca fait flipper, on ne sait pas ce que ca va donner, on a envie d’y aller mais pas trop quand même, et une fois qu’on l’a fait, on se dit que ca valait le coup et que c’était même carrément canon. »

Alice était responsable grands comptes dans l’industrie ferroviaire, et a fait toute sa première partie de carrière dans des fonctions commerciales. Jusqu’au jour où ses bonnes relations avec ses clients ne lui ont plus suffi, où elle a ressenti un fort besoin de retrouver du sens et surtout de faire à sa sauce ! Depuis, elle a créé non pas une mais deux entreprises, en écoutant enfin ses envies et en surfant sur ses talents. Parce qu’elle ne voulait pas choisir et qu’elle accepté sa singularité, découvrez son parcours atypique et inspirant ici :)

Oser Rêver Sa Carrière (ci-après ORSC) : Bonjour Alice ! Cela fait plaisir de te retrouver ici ! Alice, tu as eu plusieurs vies professionnelles. Tu nous en parles ?

En effet, ces 20 dernières années j’ai eu l’occasion de travailler dans le développement commercial, dans des start-ups et des grosses boites, dans la communication et le marketing et j’ai également créé une première entreprise dans les fleurs comestibles ! En bref, j’ai toujours été touche à tout, mais avec un point commun (avec le recul) : toujours mettre en avant des prestations sur-mesure.

ORSC : Que faisais-tu exactement dans ta « vie d’avant » ?

Dans ma vie d’avant, j’étais principalement inventrice de solutions. En gros, ça veut dire responsable commerciale dans des entreprises où il fallait trouver/créer des solutions sur-mesure pour nos clients. J’ai travaillé dans le domaine du transport, de la logistique, dans le secteur industriel mais également dans les secteurs de la gastronomie et du luxe.

ORSC : Aujourd’hui, en quoi consiste tes nouveaux métiers, puisque tu es ce que l’on appelle une « slasheuse » ?

Tout d’abord je dois dire que c’est mon mot préféré depuis que je l’ai entendu de ta bouche : « Slasheuse » !

J’ai créé 2 entreprises pour exercer mes métiers, qui ont en commun la mise en avant de la singularité de mes clients.

Avec ma première entreprise « Pour la Beauté du Geste », je suis créatrice et officiante de Cérémonie Laïques et Symboliques. J’écris donc des cérémonies sur-mesure de mariage, baptême et même des funérailles qui ont de l’âme et du sens !

Avec ma seconde entreprise : « Moi, commercial ? Jamais ! », j’ai la chance d’accompagner des « allergiques » au commerce. Ils sont porteurs de projets ou chefs d’entreprises, et je leur montre que l’on peut faire du commercial humain et créatif, et qu’en plus, ils peuvent se faire plaisir ! On trouve ensemble leur vraie différence et on aligne enfin leur stratégie commerciale et leur communication. Pour ça, j’ai plein de trucs dans ma besace. Côté commercial : une formation « poil à gratter », des accompagnements individuels flash, de la prospection en binôme, etc... Côté communication : création de leur charte graphique, de leur site web gérable de façon autonome, homogénéisation de leurs réseaux sociaux, etc...

ORSC : Comment est née l’idée de changer de métier ?

Avec du recul, je n’ai pas l’impression d’avoir complètement changé de métier, mais j’ai plutôt changé ma façon de l’exercer et avec qui je l’exerce.

Avant d’avoir l’idée de changer de métier, j’ai surtout déjà eu l’envie d’aller mieux « en travaillant ». J’ai toujours adoré travailler, toujours eu plaisir à relever des challenges, mais ça ne collait plus dans mon entreprise sur la façon de procéder ;-) Du coup, j’ai d’abord eu envie de comprendre ce qui n’allait pas, pour trouver l’endroit ou le job où j’aurai le sentiment d’être à ma juste place.

L’idée de changer de métier s’est imposée peu à peu, je ne me suis pas tout de suite dit « il faut que je change de métier pour être heureuse » … surtout qu’au début du coaching qui m’a aidé dans ce questionnement, je n’avais surtout pas envie de recréer une entreprise. Puis, j’ai peu à peu pris conscience que je ne serai heureuse qu’en faisant ce que j’aime et surtout que j’aimais faire plein de choses différentes en même temps. Grosse révélation. Une fois cette prise de conscience faite, devenir entrepreneur pour créer mon job sur-mesure s’est imposé. Finalement, en écrivant ces lignes, je m’aperçois que l’idée de changer de métier s’est imposée en même temps que ma prise de conscience concernant mon fonctionnement.

ORSC : Peux-tu expliquer aux lecteurs d’Oser Rêver Sa Carrière comment tu as pu passer de l’idée à la concrétisation ?

Alors, moi, quand j’ai une idée en tête, je ne l’ai pas ailleurs ! Plus sérieusement, comme je l’expliquais plus haut, j’ai d’abord dû prendre conscience que le travail de mes rêves n’existait pas tel quel … Enfin plutôt, j’ai pris conscience qu’il n’y avait pas un mais plusieurs « travail de mes rêves » …

Je vous explique : j’ai eu la « révélation », après quelques mois de travail personnel en coaching, que je souhaitais être officiante de cérémonie, et je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas d’autre solution que de créer sa propre structure … Premier constat.

En parallèle de cela, est venu ce deuxième constat : « Mais je ne veux pas faire que ça ! J’ai aussi envie de transmettre ma passion/vision du commercial. »

Alors je me suis dit, allons-y pour ces deux voies ! J’ai laissé tomber mes craintes sur l’argent et zou, j’ai créé mes 2 structures, en me disant juste : maintenant je ne ferai plus que ce que j’aime ! J’ai donc créer les deux entreprises, trouvé 2 noms commerciaux, créé mes 2 sites web, et c’était parti !

ORSC : On parle souvent de « montagnes russes émotionnelles » en matière de reconversion, qu’en penses-tu ?

Durant le bilan de carrière que j’ai réalisé, oui. C’est certain. Je suis passée par une 1ere phase ou j’étais très déterminée et pressée. Il fallait que je trouve vite mon « nouveau » job pour arrêter vite d’être malheureuse.

Puis 2e phase : le grand vide … j’ai eu besoin de temps, de me recentrer sur mon nombril, qu’on arrête de me solliciter, de me parler, que j’arrête de réfléchir. J’ai décalé mes rendez-vous de coaching pendant 3 mois …. J’ai pris le temps pour faire une pause pour mes neurones. Je n’avais plus envie de me forcer à « trouver » mon futur projet.

3e phase : l’éclaircie. Un jour, j’ai su. Je me suis autorisée à dire : « Et pourquoi je ne pourrais pas être officiante ? C’est vraiment le truc qui regroupe tout ce dont j’ai envie !! Alors pourquoi pas ? »… Et là, c’était parti !

La fin de mon coaching m’a permis de trier les idées, de confirmer mes intuitions, et de me donner un cap.

Donc, oui, la reconversion ca ressemble pas mal à tonnerre de Zeus, le grand 8 du parc Asterix. Ca fait flipper, on ne sait pas ce que ca va donner, on a envie d’y aller mais pas trop quand même, et une fois qu’on l’a fait, on se dit que ca valait le coup et que c’était même carrément canon.

ORSC : Quel rôle a joué ton entourage dans ce changement de cap ?

Mon entourage m’a beaucoup soutenue, il a joué un rôle déterminant. Il n’a pas été culpabilisant. Mes parents, mon conjoint, mes amis, ils ont tous compris ma démarche et m’ont même aidée (j’ai eu des petites donations, chacun à sa mesure à Noël pour participer au paiement de mon coaching !).

Personne ne m’a mis la pression en me disant : « Alors ça y est, tu sais ce que tu vas faire !? » Ils m’ont fait confiance, m’ont laissé faire comme j’avais envie et à mon rythme. Et quand je proposais mes idées au fil du coaching (même les plus farfelues), j’ai toujours eu un encouragement et une écoute.

Il est évident que ce n’est pas le cas pour tout le monde, et je sais que ça joue un rôle essentiel. Car on se culpabilise déjà assez, on est déjà pétri de peurs, alors si on doit gérer les peurs de notre entourage, c’est compliqué.

ORSC : Des obstacles particuliers ?

Moi ! L’obstacle finalement, c’était moi et mes peurs. Notamment, comme pour beaucoup, la peur de manquer. Manquer d’argent. Mais comment faire quand on arrive à 40 piges avec un salaire très correct pour tout remettre en question ? On a peur que tout s’écroule autour de nous. Alors que finalement, je me rends compte que de baisser de salaire — peut être momentanément- peut être salutaire. Cela amène à revoir ses priorités, et aussi à faire quelques ajustements.

ORSC : Finalement, qu’est-ce qui a été le plus dur à gérer ?

Moi encore ! L’incertitude de ne pas savoir où on va et surtout quand et comment tout ça va finir. Pendant le bilan de carrière, durant des semaines, des mois, on a l’espoir de trouver LA solution (reconversion ou non) pour être à sa place. Et pendant des mois, quand on ne voit pas encore où on va au fil des séances, on se dit que peut être, on ne trouvera pas, et qu’on retournera dans « son ancienne vie ». Ca, ça fait vraiment peur !

A quoi ressemble ta journée « type » aujourd’hui ?

Mon bureau est situé au 1er étage de ma maison. J’adore bosser de chez moi ! Même si je travaille du coup sur une plage horaire assez large, je l’avoue :) Je prends mon café, je fais le petit dej des enfants, je les amène régulièrement au collège, puis je démarre ma journée de boulot qui est toujours différente de la précédente ! Je jongle entre la création graphique, les accompagnements, les formations, les réunions d’entrepreneurs, etc. Je finis ma journée autour de 18h, pour préparer le diner de la famille.

En fait, ma journée type c’est de ne pas en avoir, je fais des choses différentes tous les jours … Et qu’est-ce que j’aime ça !

Cela s’est fait naturellement en réalité, je ne m’étais fixé qu’un seul impératif : ne plus prendre les transports en commun pour aller bosser, et ça, c’est un plaisir !

ORSC : Estimes-tu avoir « trouvé ta voie » ?

Non (juste pour l’esprit de contradiction :) j’ai trouvé MES voies, et je sais aussi que ce n’est pas fini, que c’est en pleine mutation à chaque moment.

J’ai surtout trouvé ma façon à moi d’envisager le travail, et ça, ça n’a pas de prix !

ORSC : Etre entrepreneure, c’est simple pour toi ?

Plutôt oui. C’est tellement adapté à mon fonctionnement, à ma personnalité, que c’est inenvisageable pour moi de revenir en arrière. Comme tout job, il y a des bons et des moins bons côtés, mais je prends tellement de plaisir dans ce que je fais aujourd’hui que j’accepte les côtés plus difficiles avec joie !

ORSC : Pourquoi as-tu choisi la multi-activité ? Pour ne pas avoir à choisir ?

CARREMENT ! Je me suis fait la promesse en sortant de notre coaching, de ne plus jamais choisir entre vanille et chocolat, mais de prendre les deux. Voilà. Faire toujours la même chose m’ennuie et ne me stimule pas, j’ai besoin de nouveauté tout le temps (c’est grave docteur ?).

ORSC : Comment ton entourage perçoit-il cette vie pluri-activités ?

Mon entourage aime bien, car pendant ce temps-là, je le laisse tranquille mon entourage :) Plus sérieusement, une fois mon mode de vie professionnelle énoncé à mes proches, ils m’ont dit, mais bien sur, c’est ce qui te correspond !

C’est d’ailleurs quelque chose que j’aimerais transmettre à mes enfants, cette notion de faire ce que l’on aime, de plaisir, et que l’on peut s’autoriser à changer, évoluer, faire plusieurs choses. Je leur ai beaucoup parlé de moi, de mes envies, de mes doutes, de mes peurs tout au long de ce processus, pour qu’ils puissent se dire, ok, c’est possible, on peut y arriver, on peut réussir à faire ce que l’on aime et surtout je ne voulais pas que mes enfants se disent : « Les parents, quand ils rentrent du boulot, ils râlent. C’est ça le boulot. »

ORSC : Comment vois-tu ton avenir professionnel ?

C’est drôle, je ne me pose pas cette question, je me dis simplement que ce que je vis est tellement kiffant que c’est hors de question que je revienne en arrière.

Ma première année a complètement dépassé mes rêves et je me dis : « Et bien soit, continue à découvrir, te faire plaisir, être raccord avec tes valeurs, en un mot à être authentiquement toi et il y aura toujours des gens qui se reconnaitront et qui bosseront avec toi. » J’ai tellement de joie et de positif en moi grâce à cette vie là que c’est mon trésor, je le cultive !

ORSC : Si c’était à refaire ?

Je signe et je resigne, même pour la vie d’avant ! Car j’ai compris que c’était mon chemin. J’ai appris beaucoup sur les autres et encore plus sur moi. Et je continue d’apprendre. Mes presque 20 années de vie professionnelle précédente, elles me servent au quotidien, dans des petites choses : c’est comme une VAE :)

ORSC : Merci pour cette interview Alice !

Merci à toi Caroline d’avoir été ma bonne fée et de m’avoir donné l’occasion de raconter ma vie ;-)

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